Rien ne résiste à Jessica Compois qui ajoute à des talents multiples, une sacré dose de volonté et d’audace. « Comme trois pommes » la maison d’édition jeunesse qu’elle crée à Chamonix en apporte la preuve . Auteur et illustratrice du premier titre « Chomolungma » consacré à l’Everest, elle se lance dans l’aventure, armée de ses mots et de ses crayons de couleur. Le succès est au rendez-vous!

Quelle est ton histoire avec Chamonix ?
J’ai grandi à Chamonix centre, mes parents avaient une imprimerie dans la rue des Moulins… La rue des Moulins, c’est vraiment la rue de mon cœur. Je ressens cette vallée dans mes tripes… Je suis partie une dizaine d’années, j’y suis revenue… Chamonix agit sur moi comme un aimant, ou un élastique… j’y reviens toujours. Pourquoi ? Je ne sais pas… Son art de vivre, la ville à la montagne, la proximité de la nature, le cosmopolitisme, les saisons, ses couleurs, son ciel, sa beauté, sa grandeur, ses couchers de soleil, ses levers de lune… Ce sont mes racines. Chaque caillou, chaque arbre, chaque chemin me sont familiers et convoquent des émotions, des sensations. Mon art de vivre ici c’est de garder toujours les yeux ouverts et ébahis. Je ne m’en lasse pas. Le paysage appartient à celui qui le regarde et c’est donc mon paysage intérieur.

Tu es maman ?
J’ai deux enfants, Sacha, mon fils a 14 ans qui est au collège Frison-Roche. Et Isia, ma fille en a 4, elle est rentrée à l’école du centre l’année dernière (où j’étais élève d’ailleurs, que de souvenirs !)
Tu avais une solide expérience dans l’édition mais qu’est-ce qui t’a incitée à sauter le pas pour devenir éditrice plutôt que de publier ton livre chez un éditeur local qui a déjà des collections pour enfants ?
En effet, je suis éditrice depuis 17 ans (10 ans en Freelance et 7 ans dans une maison d’édition genevoise). J’ai proposé ce livre aux maisons chamoniardes mais mon texte et mes illustrations ne rentraient pas dans leur ligne éditoriale.
Pourquoi les éditions « Comme trois pommes » ?
Les 3 axes (imagination, curiosité et engagement) de mes 3 pommes étaient vraiment importants pour moi. Je trouve que c’est un magnifique défi à relever… La première pomme fait appel à l’imagination. Dans chaque album (car il y en aura d’autres !), on commence par lire un conte autour d’un sommet, du lien établi entre un personnage et une montagne, qui est aux Éditions Comme trois pommes, plus qu’un décor, un personnage à part entière. Par une histoire originale l’imaginaire est stimulé, les valeurs de la montagne sont véhiculées.

La deuxième pomme invite la curiosité. Une partie documentaire et documentée permet de rencontrer la montagne dont il est question dans le conte.

La troisième pomme correspond à l’engagement. Un euro par ouvrage vendu sera reversé à une association qui œuvre en faveur des enfants ou des femmes dans le pays où est située la montagne.
Pour ce premier livre, comment s’est fait le choix de cette association savoyarde Karya ?
Il fallait trouver une association qui œuvre pour le Népal. L’association Karya correspond en tous points à cette volonté : l’argent récolté par l’association est à 100% utilisé par les népalais (enfants devenus adultes que Karya a soutenu alors qu’ils avaient été déplacés dans des orphelinats bidons, coupés de leurs familles) qui choisissent eux-mêmes les projets qu’ils souhaitent aider. La démarche me plaît.
Tu as déjà un deuxième titre en projet ?
Oui, j’ai plein d’idées ! Il y aura forcément le mont Blanc ! Mais pour le moment, je travaille avec Marion Haerty (quadruple championne du monde free ride) qui a mené une expédition 100 % féminine au Lobuche en compagnie de Dawa, première guide femme au Népal. Sur le même modèle que Chomolungma, sortira début octobre Lobuche, une montagne d’amitié féminine. Le conte parle à nouveau de rêves qu’il faut suivre pour trouver son chemin et aussi de sororité, cette amitié entre femmes si importante à mes yeux.
À quel âge destines-tu cette collection ?
À partir de 7 ans… mais j’ai pensé ce livre comme un espace d’échanges entre l’enfant et l’adulte prescripteur. Je lis des histoires, des livres à mes enfants et je trouve que c’est génial et enrichissant quand on peut aller plus loin dans la lecture, ensemble. Tout le monde a quelque chose à prendre dans ce conte ainsi que dans la partie documentaire. On m’a conseillé de simplifier le texte… je n’ai pas suivi ce conseil car, justement, la partie documentaire permet d’expliquer le texte. De mots ou notions compliqués naissent le questionnement, l’échange entre l’enfant et l’adulte. Les enfants sont surprenants, ils comprennent bien la poésie, le mysticisme… !

Comment définis-tu Globule Radio, radio locale bilingue de la Vallée de Chamonix créée en 2017 dont tu es co-fondatrice et présidente ?
Globule Radio est un autre de mes bébés et développe 3 grands axes. L’antenne, les ateliers d’initiation aux métiers de la radio pour enfants et la production de podcasts. Nous émettons sur le 90,5 FM depuis 2017. Nous sommes une radio de service, c’est à dire que l’on entend sur nos ondes toutes les rubriques qui permettent de bien vivre dans la Vallée de Chamonix (météo, ouverture des RM, vents, agenda…). Depuis deux étés, nous délocalisons nos studios à Vallorcine pour créer une radio événementielle dans ce territoire particulier.
Les ateliers d’initiation aux métiers de la radio pour les enfants existent depuis 2015. Ça c’est vraiment notre ADN. Nous sommes maintenant réellement reconnus pour nos ateliers auprès de l’Éducation Nationale en tant qu’organisme d’éducation aux médias. L’année prochaine, une quinzaine d’établissements nous font confiance pour des projets ambitieux nécessitant notre intervention durant une vingtaine d’heures par classe, réparties sur l’année. Pour certains projets, nous amenons les enfants jusqu’à la préparation d’une émission en direct, pour d’autres nous les accompagnons dans la production de quelques épisodes d’un podcast dont la thématique est définie avec les professeurs.
Quelques mots pour définir Globule Radio ?
Curieuse, engagée, pédagogique, transfrontalière, participative, ancrée sur le territoire, fédératrice…

« Chamolungma, la montagne haute comme le ciel » de Jessica Compois (textes et illustrations), éditions « Comme trois pommes » à Chamonix.
Et… j’en profite pour mentionner « Une histoire de l’Everest » de Jean-Michel Asselin (Collection « Une histoire de… aux Éditions Glénat) qui raconte aux adultes cette fois, l’Histoire et les petites histoires de la plus haute montagne du monde devenue un mythe et dont on célèbre cette année les soixante-dix ans de la première ascension par Tenzing Norgay et Edmund Hillary.
Coucou Marie-Christine,
Merci pour le partage de ce joli article sur Jessica.
Bises
Cécile
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Merci!
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