Les expositions à voir pour bien commencer l’année !

Différents regards sur la montagne et la neige qui habille le paysage avec tant d’élégance. À découvrir à Paris, Chamonix ou Grenoble… au choix !

Affiche de l’exposition. Détail du Lièvre variable, 1905. The Thiel
Galery, Stockholm. © Courtesy Thielska Galleriet, Stockholm.

« Bruno Liljefors, la Suède sauvage » enchante les visiteurs du Petit Palais à Paris. À travers une sélection rigoureuse d’une centaine d’œuvres, peintures, dessins et photographies, on découvre en France ce peintre suédois coloriste hors pair, fin connaisseur de la nature et des animaux qu’il dépeint avec un souci du détail remarquable. Ce réalisme extrême, fruit d’une observation passionnée, n’exclut jamais la poésie même si certaines scènes illustrent sans détour la férocité des prédateurs. « Famille de renards » (1886) à l’entrée de l’exposition en donne un bel exemple. Tandis que le regard s’émerveille devant cette composition harmonieuse aux couleurs délicates, s’immerge avec délice dans ce décor champêtre emprunt de fraîcheur, que l’on s’attendrit sur le côté joueur des renardeaux qui s’ébattent dans l’herbe et les graminées, on réalise soudain que ces carnassiers sont surpris en plein festin, que les plumes immenses de leur proie éclairent la toile d’une blancheur immaculée et que cette famille de renards affamée se partage leur victime avec une vélocité troublante… Bruno Liljefors a l’art et la manière de révéler chaque moment de la vie sauvage avec le regard jubilatoire d’un amoureux de cette nature dans sa globalité.

Une famille de renards, 1886. Huile sur toile,112×218 cm. Nationalmuseum,
Stockholm.© Stockholm, Nationalmuseum /Photo Anna Danielsson
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Perçu dès la fin du XIXe siècle comme « le prince des animaliers », il renouvèle le genre en donnant une vision d’ensemble de l’énergie vitale générée par cette nature scandinave et sa faune, ses lumières spécifiques et remporte de son vivant un réel succès sur la scène artistique scandinave aux cotés de ses amis Anders Zorn (dont il a peint un très beau portrait présenté dans l’exposition) et de Carl Larsson dont l’œuvre a été précédemment révélée au Petit Palais.

Bruno Liljefors (1860-1939) consacre sa vie à peindre l’âme de son pays qui s’illustre dans la nature suédoise, « cette éternelle nouveauté » qu’il n’aura de cesse d’étudier et de célébrer. « Si la peinture de Bruno Liljefors s’inscrit pleinement dans le mouvement du romantisme national suédois, explique Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, elle doit également se comprendre à l’aune des découvertes darwiniennes qui infusent la culture européenne au XIXe siècle. Dans le monde de Liljefors, les animaux, les plantes, les insectes et les oiseaux participent d’un grand tout où chacun a un rôle à jouer. »

Bruno Liljefors, Paysage d’hiver aux Bouvreuils pivoines, 1891, huile sur toile, 40×50 cm, collection particulière.

On découvre que cet artiste se livrait aussi à une toute autre activité avec sa fratrie dans leur troupe d’acrobates « Manzoni frères« . Il mettra à profit ses aptitudes physiques exceptionnelles pour se hisser au sommet des arbres ou dans d’autres lieux inaccessibles afin d’approcher au plus près certains des sujets de ses tableaux comme les nids de faucons. Chasseur infatigable depuis l’enfance, habitué à l’affût et expert dans l’art du camouflage, il sait surprendre les animaux sans être vu. A cela s’ajoutent ceux qu’il garde en observation, dont il s’entoure dans ses propriétés en pleine nature pour approfondir ses connaissances et pouvoir en saisir les différentes attitudes. La photographie fait aussi partie de son processus créatif : « Certaines photographies se retrouvent traduites à l’identique dans sa peinture, d’autres sont le substrat de nouvelles compositions où plusieurs éléments disparates se superposent. »

Bruno Liljefors, Lièvre variable, 1905. Huile sur toile, 86×115 cm. The ThielGalery, Stockholm. © Courtesy Thielska Galleriet, Stockholm / Photo Tord Lund.

La neige sert de décor ouaté dans plusieurs tableaux. Bruno Liljefors aime mettre en scène des animaux au cœur de leur habitat comme de leur environnement en toutes saisons avec une prédilection certaine pour cet élément duveteux dans lequel, par un mimétisme protecteur étonnant, se fond si bien le lièvre variable.

Renards, Bruno Liljefors, 1886. Huile sur toile, 71,5×91,8 cm. Gothenburg Museum of Art. Le renard est l’un de ses sujets de prédilection. « Liljefors organise souvent ses compositions en fonction du champ de vision de l’être humain : la zone la plus importante de l’image est nette, tandis que la périphérie demeure floue, comme vue à travers
le cristallin de l’œil. »
Bruno Liljefors, Autour des palombes et tétras lyres, dit aussi La Proie (ancien titre), 1884. Huile sur toile, 143×203 cm. Nationalmuseum, Stockholm. © Stockholm,Nationalmuseum/
Photo Linn Ahlgren
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Spécialiste de la lumière et de la neige, contemporain et français cette fois, Pascal Amblard a fait du Pays du Mont-Blanc sa terre d’adoption et des montagnes son atelier. Il est invité dans les salons de l’hôtel Hameau Albert 1er pour une exposition temporaire regroupant une trentaine de tableaux, presque tous inédits : « L’idée est simplement de prendre le spectateur par la main et de le promener à travers les saisons dans des vues très chamoniardes à deux ou trois exceptions près. » Le titre « La palette et le piolet » résume a lui seul le profil de ce peintre alpiniste aux talents multiples, épris de photo, qui conjugue souvent ses passions pour aller prendre des images inspirantes, capter l’instant magique, des lumières fugaces et sublimes ou planter son chevalet en altitude, quand la météo et le panorama l’y incitent. Peindre la neige relève d’un exercice particulier, pas si facile. Pascal en parle d’expérience : « La neige est un miroir, on y voit les reflets froids du ciel, ceux plus chauds des roches, jusqu’aux verts de certains feuillages ou de l’eau des torrents. Le blanc ne suffit pas ! Il faut aussi du bleu, du bleu outremer et puis du bleu de céruléum et même du bleu de Prusse. J’ai aussi besoin d’ombre naturelle, d’ombre brûlée, d’ocre jaune, de carmin et de noir ! Parce qu’évidemment la neige n’est blanche qu’en pleine lumière, et encore. En dehors de ce cas particulier, la neige, comme la nacre, contient toutes sortes de très belles couleurs, très belles et très subtiles, délicates. D’autant plus délicates qu’on la voit blanche, peut -être un peu gris-bleu dans les ombres quand en fait, avec un peu d’entrainement, on y percevra des roses, des turquoises légers, des tons pervenche, lilas, gris perle, acier bleui, de l’or pâle, de l’argent. »

Torrent du Maz, huile sur toile de Pascal Amblard, exposé dans le bar du Hameau de l’hôtel Albert 1er ©Pascal Amblard.
Les Praz en hiver, huile sur toile de Pascal Amblard ©Pascal Amblard.

Restons en montagne avec « Style & cimes Photographies de Jacques-Henri Lartigue » présentée au Musée Dauphinois de Grenoble et prolongée de deux mois en raison de son succès ! La scénographie joue des contrastes entre les couleurs pimpantes des murs, jaune, parme ou rose bonbon, et les tirages en majorité en noir et blanc de Lartigue (1894-1986). Diariste, peintre et photographe, cet esthète reste l’émerveillé, l’éternel enfant qui signe d’un soleil et a fait le choix du bonheur. Grâce à son « piège d’œil », il photographie dès l’âge de huit ans son quotidien très privilégié d’enfant gâté et choyé par une famille joyeuse et bourgeoise qui ne se refuse rien. Ayant grandi dans ce milieu fortuné, il réside fréquemment en Suisse à Saint-Moritz, en France, à Chamonix et Megève entre 1913 à 1981 où il prend des images festives, mondaines, sportives, intimes et toujours enjouées qui témoignent de l’évolution des sports d’hiver et de la mode en montagne, de cet engouement naissant pour un environnement magique.

Il emmène à Chamonix Bibi (surnom de Madeleine, la fille du compositeur André Messager) pour leur voyage de noces à l’hôtel des Alpes en 1920 et Florette, sa troisième épouse, à Megève en I965… L’élégance le séduit, la mode l’amuse, les femmes l’enchantent, les sports le grisent. Ces trente six images prises dans les stations de sports d’hiver les plus chics en apportent la preuve éclatante !

Florette, Megève, mars 1965.
Photographie J.-H. Lartigue © Ministère de la Culture (France),
MPP-AAJHL
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Vue de l’exposition « Style & cimes Photographies de Jacques-Henri Lartigue« 

« Style & cimes Photographies de Jacques-Henri Lartigue« , au musée Dauphinois de Grenoble, prolongée jusqu’en mars 2025 (entrée gratuite), 30 rue Maurice-Gignoux, Grenoble – 04 57 58 89 01 (musees.isere.fr) ;

« Bruno Lifjefors, la Suède sauvage« , jusqu’au 16 février 2025 au Musée du Petit Palais, Paris. Catalogue très illustré et documenté: https://www.petitpalais.paris.fr/expositions/bruno-liljefors ;

« Pascal Amblard, la palette et le piolet », dans les salons du Relais & Châteaux 5* le Hameau Albert 1er à Chamonix, jusqu’au 25 avril 2025. (https://www.hameaualbert.fr/fr) Artiste représenté en exclusivité par la Galerie Loïc Lucas, 18 impasse du Génépy, Chamonix (https://galerieartdesign.com/) ;

Et dans Le Couloir des artistes du Hameau Albert 1er, découvrir aussi l’exposition « Âme des cimes » de la jeune artiste Marion Devouassoux qui réunit des huiles sur toiles et aquarelles jusqu’au 2 novembre 2025. (https://rionpainting.com/).

Flore de Miage, huile sur toile de Pascal Amblard © Pascal Amblard.

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