« Nous vivons d’abord dans les images. » souligne le photographe italien Luigi Ghirri (1943 – 1992), géomètre de formation, auquel le Jeu de Paume à Paris consacre une grande rétrospective, la première hors de son pays natal, » Cartes et territoires, Photographies des année 1970 « .

« J’ai photograhié de nombreuses personnes de dos, qui regardaient des images, des plans de villes, des itinéraires; car j’ai voulu (…) leur donner un nombre infini d’identités possibles: de la mienne, tandis que je photographie, à celle de l’observateur. »
A vingt sept ans, en 1970, lorsqu’il aborde la photo, Luigi Ghirri opte aussitôt pour la couleur alors déconsidérée des milieux artistiques. Choix qu’il justifie le plus simplement du monde: » Mes photographies sont en couleurs parce que le monde réel n’est pas en noir et blanc et parce que les pellicules et les papiers pour la photographie en couleurs ont été inventés ». Il part dans plusieurs directions, s’intéresse aux sujets les plus divers, sans prétention, procédant parfois par série et restant très attaché à Modène et ses environs. Certes, ses « voyages minimaux », comme il les appelait lui-même, l’ont tout de même conduit en vacances jusque dans les Alpes suisses!

Dans cette exposition, la montagne est présente à plusieurs reprises dans des images teintées d’humour et d’esprit critique. Elle fait partie notamment des sujets de la série « In Scala » (dans la dernière salle), réalisée dans un parc à thèmes aménagé à Rimini » Italia in Miniatura » (Italie en miniature) qui présente de nombreux sites connus : « la célébration des mythes – explique Luigi Ghirri – des lieux emblématiques d’une « identité territoriale » invite immédiatement à l’ironie: ce voyage, cette proposition de tout voir en même temps est une folie. Les analogies sont évidentes avec un colossal photomontage. » A ce titre, l’image de la montagne participe à une démonstration particulière au même titre qu’un monument célèbre sur une autre photo.
Double jeu

Ghirri utilise le parc à la fois comme un lieu réel et de fiction. Il photographie des bâtiments et des paysages qui sont déjà des reproductions – modèles réduits de monuments célèbres – comme… les montagnes caractéristiques des Dolomites. A juste titre, James Lingwood, commissaire de l’exposition, écrit: » les promeneurs partagent avec Ghirri le plaisir de l’artifice, de l’environnement et de la découverte de ses doubles. »
Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris (01 47 03 12 50). Jusqu’au 2 mai 2019.