Pour sa 23e édition, les exposants du Pad (Paris Art + Design) réunis aux Tuileries à Paris se sont donnés le mot pour afficher la couleur tendance : le blanc. Mais plus étonnant encore lorsque l’on parcourt les allées, on découvre que tous les styles de chaises et de sofas design du XXè et XXIè siècles sont habillés en majorité de tissus Pierre Frey ou Bisson Bruneel à bouclette ou carrément de peau de mouton retournée.
De quoi bien évidemment imaginer facilement ces pièces en montagne l’hiver, faisant écho à la neige et l’été contrastant si bien avec le vert prairie ! Pour les amoureux de mobilier vintage estampillé de designers reconnus ou de beau design contemporain, le Pad offre du rêve à défaut de pouvoir acquérir un objet d’art ou un meuble car les prix restent, pour la plupart, à l’image de la rareté des pièces exposées et de leur qualité, très élevés. Les stands mettent en scène avec élégance un ensemble cohérent dont tous les éléments se valorisent. C’est tout un art, là encore, de susciter l’envie au premier regard…
Le design contemporain – une des spécialités du Pad (à côté du design du XXe siècle, de l’art moderne, précolombien, des arts d’Asie, des bijoux, de sculptures, des arts premiers, du verre et de la céramique) est bien représentée par près d’une vingtaine de stands.

Armel Soyer se singularise avec un stand extrêmement diversifié dans les styles et les matériaux, des choix radicaux auxquels on adhère vite. A Paris, dans sa galerie du Marais, comme à Flumet, dans sa ferme showroom, cette jeune femme cultive un goût très sûr pour les arts décoratifs du XXIe qui l’a conduite à devenir éditrice de pièces uniques ou en tirage limité avec la prise de risque que cela implique. Un engagement plutôt rare aujourd’hui chez les galeristes qu’apprécie notamment Frédéric Pellenq, jeune architecte designer originaire des Hautes-Alpes, qui présente la très graphique chauffeuse Jacques, la première pièce de sa collection Couture en bois laqué noir et tissu en laine bouclée ivoire. « De la montagne, je garde en moi les émotions, l’amour des matériaux. Cette nouvelle collection est un clin d’œil à l’élégance à la française, un prétexte à retravailler les codes de la Haute-Couture avec en tête Yves Saint-Laurent ou Chanel pour la chauffeuse et d’intégrer des symboles forts comme le cercle et le carré. » Autres fauteuils aux allures d’ovni dans le salon, les chauffeuses « Who are you » d’Olga Engel, un designer russe pleine d’humour.

Suivons notre fil blanc pour retrouver le fauteuil Petit Frank à un accoudoir (en série limitée) d’Hervé Langlois (2012), recouvert de peau lainée, à la galerie Negropontes. Son asymétrie permet de constituer un canapé deux places en les juxtaposant !

La white liste serait trop longue, mais citons encore le dernier fauteuil créé par Thierry Lemaire (stand éponyme, un nouveau venu au Pad), le Koumac, hyper moelleux et confortable, en peau de mouton avec un piétement d’ardoise (une version moins bling que celui en laiton poli), de forme géométrique et XL… Un architecte, architecte d’intérieur et designer auquel on doit de beaux projets en montagne notamment.

Et côté design du XXe, les exemples d’une blancheur immaculée ne manquent pas. Cette couleur apporte une modernité certaine et valorise la pureté des lignes.

Coup de cœur (entre autres !) à la galerie Meubles et Lumières pour un salon complet, à l’encombrement minimal et à l’élégance discrète, des années 65, signé Louis Paolozzi qui s’habille du fameux tissu Judith de la Maison Pierre Frey à bouclettes, un des must du Pad cette année…
PAD Paris Art + Design aux Tuileries, à Paris, jusqu’au 7 avril (www.pad-fairs.com).