Le 30 mars prochain à l’Hôtel Drouot, Maître Blanchet va orchestrer sa vingt sixième vente dédiée à la montagne. Autant dire que maintenant, outre ses ventes régulières d’art moderne et contemporain, cette spécialité lui colle à la peau même si, au départ, elle ne fut que le fruit du hasard.

Charles-Henri CONTENCIN (1898-1955)
« Neige à Zmutt (environ de Zermatt) ».
Huile sur toile, signée en bas à droite, située au dos. 55 x 100 cm. 3 000/5 000 €
Tout a commencé avec quelques tableaux intégrés à une vente d’art moderne… L’expérience se reproduit au point d’exaspérer un tantinet les amateurs d’art présents dans la salle qui jugent cette montagne envahissante et suggèrent au commissaire priseur d’organiser une vente spécialisée! La première a lieu en décembre 2008. Son succès encourage Pierre Blanchet à renouveler l’expérience à raison d’une, puis de deux et même de trois par an. C’était trop. Aujourd’hui l’Étude parisienne en organise une à la fin de l’automne ou au début de l’hiver et une autre au printemps. Si l’on trouve des lots isolés dans certaines ventes publiques en province, c’est incontestablement Maître Blanchet le leader dans ce domaine avec une expertise indéniable qui s’enrichit des belles compétences de Renaud Rinaldi, conseiller de ces ventes Montagne. Troisième génération d’antiquaires, ancien galeriste qui progressivement s’est spécialisé dans ce domaine, il avait pignon sur rue, juste en face de l’Hôtel Drouot, lorsque j’ai fait sa connaissance. En 2012 il ferme boutique après vingt sept ans d’exercice et s’installe définitivement à Chamonix d’où son épouse est originaire. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à cultiver sa passion et à garder l’oeil grand ouvert sur les merveilles qui ne peuvent lui échapper!

Roland GAY-COUTTET (1925-2002)
L’épée du Tacul, circa 1950.
Photographie en noir et blanc, tirage argentique, cadre d’époque, cachet du photographe en bas à gauche.
60 x 50 cm (à vue).
Alors bien sûr Pierre Blanchet et Renaud Rinaldi travaillent ensemble depuis longtemps autour de cette thématique qui les a réunis. « Les amateurs d’art qui achètent des œuvres de montagne sont des connaisseurs des lieux, des gens très pointilleux, explique Renaud Rinaldi. Les peintres de montagne indiquent assez fréquemment la situation au dos de l’oeuvre. Ça aide ou ça confirme !« Mais comme je dis toujours « les peintres ne sont pas des photographes » il y a en plus la poésie, l’imaginaire… Les acheteurs sont surtout des gens épris de réalisme et souvent ils cherchent à revivre à travers une oeuvre d’art une émotion qu’ils ont connue en montagne. »

Joseph Victor COMMUNAL (1876-1962)
Lac du Bourget.
Huile sur panneau, signée en bas à gauche ; étiquette de la Galerie Georges Petit au verso.
43 x 62 cm.
800/1 000 €
Ce que confirme Pierre Blanchet en expliquant que cette clientèle est passionnée avant tout, qu’il ne s’agit pas de spéculateurs tels qu’on en rencontre habituellement dans les ventes. Et de confirmer: » Ils connaissent parfaitement les sujets, la localisation, il ne faut pas se tromper sur le nom d’un versant, d’une montagne. Ils savent le nom du moindre lieu-dit. Ils achètent par nostalgie (anciens montagnards), parfois bien sûr pour décorer leur chalet ou avoir la montagne sous les yeux à Paris ou ailleurs, il y a aussi des galeristes, des décorateurs…C’est une clientèle pointue, diversifiée et sympathique. »
Les Alpes se vendent mieux que les Pyrénées, la Corse…Il faut des lieux très identifiés. « Le rendu de la neige est plus recherché qu’un paysage au printemps ou en été. Dans un tableau de Contencin on entend la neige crisser… » dit encore Pierre Blanchet. Ce qui fait monter le prix c’est la rareté du sujet ou un angle de vue plus original d’un sujet très connu. Le Mont-Blanc, par exemple, se vend en fonction de la notoriété du peintre, de l’angle de représentation.
A titre d’exemple, une aquarelle de Samivel a été estimée 17 000€ un record mondial pour l’artiste. Humour, poésie…il est unique en son genre et doué de multiples talents.

SAMIVEL (1907-1992)
« Pour l’alpiniste ».
Planche hors texte du livre de Jean Secret, 1937. Dessin au crayon gris et estompe.
19 x 14,5 cm.
3 000/4 000 €
Dans ces ventes on trouve aussi, rangés sous la rubrique kitsch, quelques objets: » c’est plus anecdotique – souligne Pierre Blanchet – (trophées, luges, vieux skis, céramiques, affiches, livres, photos,etc.), une sorte de clin d’œil en guise d’entrée en matière, avec des petits prix! » Selon Renaud Rinaldi, les acheteurs font preuve d’une plus grande clairvoyance quant à la qualité des œuvres. Mais à son grand désespoir, il avoue avoir encore du mal à valoriser auprès d’eux certains artistes peu connus ou mésestimés: » A mon avis, un bon tableau d’un petit peintre vaut bien un mauvais tableau d’un peintre coté! La valeur pécuniaire n’a rien à voir parfois avec la qualité artistique. C’est la loi du marché qui parfois fait monter les cotes de manière arbitraire! »
En conclusion, on peut encore se faire plaisir en achetant des oeuvres à des prix qui restent abordables en ventes publiques…
Salle 15 – Drouot-Richelieu – 9, rue Drouot 75009 Paris. Expositions des lots : vendredi 29 mars – 11:00/18:00 – samedi 30 mars – 11:00/12:00 Vente : samedi 30 mars 2019 – 14:30 (Blanchet & Associés, http://www.blanchet-associes.com).