Florilège des expositions à voir absolument pendant vos vacances. Montagne rime aussi avec culture ! À suivre.

À Évian
Les arpenteurs de rêve. Dessins du Musée d’Orsay au Palais Lumière
Que signifie ce joli titre d’exposition ? « Le dessin est souvent plus un processus qu’un résultat, une dynamique qu’une œuvre. Le mouvement est au cœur du dessin. Les dessinateurs arpentent la feuille avec leurs matériaux d’une manière très directe, comme avec le prolongement de la main ; « arpenteur » évoque ce travail de la main qui trace des lignes et se regarde tracer ces lignes. ». Le fil conducteur choisi pour s’orienter parmi les trésors du musée d’Orsay riche d’une collection d’environ 55 000 dessins dont plusieurs centaines de carnets et de pastels, dessinés par plus de 6 000 artistes différents, est le rêve « entendu au sens large de vie intérieure, de relation entre subjectivité́ et réalité́, de dépassement du visible, d’onirisme, rêverie et imagination créatrice. »
La fragilité des œuvres sur papier à la lumière explique que celles présentées à Évian le soient rarement au grand public. L’exposition nous propose un aperçu passionnant de la pratique du dessin durant la seconde moitié du XIXe siècle, à travers les aspects variés de ce medium, tant dans ses techniques (pastel, fusain, aquarelle, encre, graphite…) que dans les usages (carnets de croquis, projets d’illustrations, belles feuilles de présentation…). Et si la montagne n’est pas le seul sujet traité, tant s’en faut dans ce parcours qui s’articule autour de cinq sections (regards intérieurs ou figures du rêve et de la rêverie, expériences oniriques du paysage, par monstres et merveilles, au fil des pages et dessins inspirés par la musique), sa présence est sublimée par des artistes tels que Gustave Doré, Lucien Lévy-Dhurmer ou Paul Signac qui en présentent des visions personnelles puissantes.
Palais Lumière
Quai Charles Albert-Besson – 74500 Évian (04 50 83 15 90) www.palaislumiere.fr Jusqu’au 1er novembre 2022. Catalogue.
À Chamonix

Flowers summer
L’exposition estivale des œuvres de Pascal Amblard à la Galerie Loïc Lucas réunit une trentaine de tableaux magnifiques autour de la thématique des fleurs en montagne. Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire…nous ne sommes pas à Woodstock, l’art de Pascal n’a rien de psychédélique mais il emporte loin dans des paradis qui n’ont rien d’artificiels !
Pour en savoir plus sur cet artiste aux talents multiples et découvrir son œuvre, consulter en ligne ou à Chamonix mon article dans Altus Magazine Chamonix de cet été (pages 54 à 60) https://altus-magazines.com/altus-chamonix-ete-2022/
Galerie Loïc Lucas, 29 rue du Docteur Paccard ( www.loic-lucas.com). Jusqu’au 15 septembre.

Sauvage
Choix de photographies de Monica Dalmasso, exposé dans les salons et le Quartz Bar du Hameau Albert 1er, Relais & Châteaux 5*, l’institution chamoniarde par excellence !
La famille Carrier prête depuis plusieurs décennies ses cimaises du Hameau Albert 1er à des nombreux artistes contemporains. De cette tradition généreuse sont nées des expositions riches et passionnantes, extrêmement variées, choisies avec enthousiasme et goût, selon des critères personnels. Ce qui confère tout leur charme à ces belles découvertes.
Ce choix d’images révèle différentes facettes du talent de Monica Dalmasso, qui a choisi de vivre à Chamonix depuis une vingtaine d’années. De cette alpiniste chevronnée, on connait surtout les photographies de montagne dont certaines ont été primées. L’occasion rêvée de se familiariser aussi avec ses autres univers dans un cadre idyllique.
La magie opère à travers chacune des quatre thématiques présentées et le parcours, très réfléchi, conçu par Monica.
Dans l’entrée de l’hôtel : La montagne sauvage et une vision graphique en rouge et blanc des alpinistes.
Au Petit Salon de l’Albert 1er : Monica travaille depuis plusieurs années sur le thème des forêts magiques à travers le monde. Présentation d’images du Huang Shan (Chine), le royaume des brumes. Les petits tirages sont présentés sur papier Awagami Bizan, le papier japonais le plus précieux, fabriqué à la main selon des techniques ancestrales.
Dans le Salon cheminée : une vision alpine et onirique du conte « Le petit chaperon rouge ». Dans la Salle de petit déjeuner : poésie des éléments et graphismes. Au Quartz Bar: « Les arbres qui dansent » avec le thème des forêts magiques.
Hameau Albert 1er, 38 route du Bouchet – 74400 Chamonix (04 50 53 05 09/ www.hameaualbert.fr ) Jusqu’au 6 novembre.

A la Tronche, dans l’agglomération grenobloise.
Contemplations
Ji-Young Démol Park, un regard coréen sur les Alpes. Au musée Hébert.
A l’encre de Chine et à l’aquarelle, les paysages de l’Isère et des Alpes de Ji-Young enchantent. J’avais évoqué cette œuvre originale et subtile qui apparaît comme un singulier « métissage pictural entre Asie et Occident » dans un chapitre de mon dernier livre « Vue sur lacs, Architecture et patrimoine en Savoie Mont-Blanc » (Éditions Glénat). Savoyarde d’adoption depuis une vingtaine d’années, véritable amoureuse de la montagne et de ses lumières changeantes, elle savoure ses randonnées, toujours équipée de ses carnets de voyage où, à l’aide de pinceaux et calames (bambous taillés) elle saisit sur le vif et traduit en dessin avec une grande sensibilité ses- « émotions visuelles ». Son œil, son esprit font la synthèse du spectacle qui s’offre à elle : « Le temps d’un dessin, d’une aquarelle ou d’une encre de Chine, je vis le paysage que je vois et que j’écoute ». Ji-Young jette ainsi les bases des œuvres qu’elle retravaillera ensuite à l’atelier en grand format. Rodolphe, son mari n’est jamais très loin pour fixer ces moments d’éternité sur la pellicule. L’esthétique poétique et souvent minimaliste de Ji-Young appelle à la méditation et à l’apaisement par l’immersion dans une nature plus profonde que la nature réelle. Pour cette exposition personnelle qui réunit plus de 80 œuvres, elle a découvert l’Isère et ses sommets auxquels elle consacre une trentaine d’entre elles. L’affiche, par exemple, reprend une œuvre représentant un paysage isérois, le Pic Saint-Michel depuis le Moucherotte. « Cimes, lacs, arbres, lignes de crêtes s’offrent à nous autrement, dans une vision renouvelée » explique la directrice du Musée Hébert, Fabienne Pluchart, pour laquelle l’œuvre de Ji-Young Demol-Park s’inscrit parfaitement dans l’ouverture du Musée Hébert à la création contemporaine sous toutes ses formes, y compris celles d’influences aussi lointaines que la Corée.
Le très beau parc et la magnifique maison de campagne du peintre grenoblois Ernest Hébert (1817- 1908) qui abritent le musée ont conservé l’esprit des lieux et le caractère intimiste d’une demeure familiale. Ils multiplient les raisons de venir voir l’exposition de Ji-Young. Elle pourrait faire sienne cette déclaration de l’artiste du XIXème : « Je suis résolu à ne peindre que ce qui m’émeut. »
Musée Hébert, Chemin Hébert, 38700 La Tronche (04 76 42 97 35), https://musees.isere.fr/expo/musee-hebert-contemplations, entrée gratuite. Jusqu’au 28 novembre, catalogue. Regarder la visite guidée très intéressante, à la fois du lieu et de l’exposition proposée par Fabienne Pluchart : https://youtu.be/PEbzz1MZsoo Site de l’artiste : https://www.jiyoungdemolpark.com/ et Yi-Joung dans « Vue sur lacs, Architecture et patrimoine en Savoie Mont-Blanc » (Éditions Glénat).
L’art et la montagne, quelle belle idée, et dans un style littéraire impeccable.
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